Lors de notre dernière sortie nature du 5 novembre, dont vous trouverez un avant-goût, ici: Histoires de paysages, épisode 1, nous sommes allé.e.s explorer le site Corot à Saint-Junien, lieu épique situé à moins d’un kilomètre du centre de cette commune de Haute-Vienne!
La proposition qui fut la nôtre, était de partir à la découverte du Site Corot, de pousser les portes du Moulin Brice, ouvert exceptionnellement pour l’occasion, et d’entreprendre l’aventure du sentier de randonnée des Feutrières, en compagnie de Christian Doucelin de l’association Les Amis de Jean-Baptiste Corot, par ailleurs, animateur pour L.P.O Limousin, féru d’arbres et de botanique!
…Paysage sui generis: paysage d’un genre propre, unique, si particulier qu’on ne peut le définir simplement ni le confondre avec un autre.

Une façon, également, de faire se rencontrer des connaissances, appétences et se rejoindre les préoccupations, en matière d’environnement, de représentations du patrimoine, de l’association Vayres à Soi, d’aborder la question de l’accès à la culture depuis notre chère commune de Vayres, en passant par l’histoire de l’art, indéniablement, liée à celle du paysage!
Visions imprenables composées d’axes redoutables, de champs qui ne s’apprivoisent pas, de sons spécifiques, comment assister et retenir ?
Quoi, et par où commencer sans se laisser submerger ?

Que pouvait voir Corot, à son époque ? Quel paysage pouvait bien se dresser devant lui ? Un univers d’eau et de pierre, une minéralité dominante pour point de vue, des rochers prenant leur bain dans la Glane, une sensation de fraîcheur nimbée de légendes, une architecture anguleuse, géométrique et colossale, une physionomie sans fard, unicolore ? Des masses, des ombres, colonne vertébrale d’un récit lardé de brumes où tous les états de l’eau pouvaient correspondre ?

Pas cette végétation, pas ces arbres ni cette verdure, peu de vert, par ici, Corot, c’est une naissance à Paris en 1796 et 78 années de vie pour la peinture, la gravure, les voyages et les autres…
Le site Corot nourrit une expérience physique, lieu expérimental, ouverture symphonique, le calme olympien côtoie, non sans affect, la fougueuse Glane, les rythmes se frottent, rinçant, au passage, les restes d’effervescences citadines collées encore à vos basques. Ici, vous avez les pieds arrimés à un Sol Tout Entier PAYSAGE.
Dès sa découverte, entourés par ces espaces fictionnels, source d’inspiration romanesque, vos impressions se bousculent. Hors du temps, vous êtes néanmoins captivés, chahutés par les franchissements sonores soudains, attirés par cette rivière, son débit siffleur, sa langue tortueuse, puis, son allure, sinueuse, un serpent puissant, la Glane convoque l’imaginaire du bestiaire!
Ce lieu prend les apparences d’une uchronie. Peu de correspondances subsistent, en effet, à ce voyage féroce effectué, à l’air libre!

La suite du parcours de cette sortie du 5 novembre se fait avec la visite du Moulin Brice, savant mélange de patrimoines, industriel et vert, aux allures de friche culturelle en attente d’affirmation d’une identité trans pour quelques beaux mois de l’année.
On imagine, au grès de la découverte, par quel moyen créer une économie viable pour ce lieu atypique, on envisage, l’instant suivant, ses multiples visages, pas uniquement un lieu patrimonial et pédagogique, mais bel et bien un lieu de vie affable, à même d’engager les conversations et de remplir ses vitales fonctions d’édifice défendant les valeurs d’une économie créative à l’échelle locale!

Tiers -lieu dont les lignes exigeantes se défendraient à coups de programmation diversifiée, multi disciplinaire, lieu ouvert, monde à part entière, bateau lavoir, phare, repère, référence, à la fois trace et témoin. De l’ambition semble être la requête de ces murs, de l’audace, du sang -froid. Tout vient à point à qui sait attendre…
Des étages, des sols aux espaces affolés, des étendues de mètres en sièges, des proportions folles pour ces 1800 m², vestiges, trésor, décor, tout se pointe et rapplique, d’insolentes scènes théâtrales, de splendides apartés, des danses éclectiques, un cinéma offensif, un festival de musique libre!

Vous imaginez toujours, les flous vestiges, vertiges vous emboitent le pas, rien n’est plus si sûr, état d’alerte sur les possibles, vues et revues, examiner, extraire, à toute vitesse, essayer de suivre les images inoculées, les unes derrière les autres, par cette place qui est la vôtre, vous êtes ICI.
Encore engourdie par les apparences, vous flottez parmi les icônes, emblèmes, idées, répliques et miroirs, on vous présente La librairie.

Puis, des machines entrent en scène, passage, découpage, tirer le temps à soi, partir vers une suite de versatiles séquences, vaste programme…
Allure assurée, usage à voir, au-delà, ses formes, son style vestimentaire, sa monochromie, rouille vous dites, C.V je vois. Hors d’usage ou hors d’état de nuire, celle-ci forge un respect d’œil immédiat, la faute à son décollage imminent vers un bazar profane!

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Nous quittons le lieu temple pour un circuit zigzagant. Nous marchons entourés d’arbres, autochtones, endogènes, indigènes, ancienne châtaigneraie, chemin filet qui ne cesse de monter, de créer de l’instabilité sous nos pieds.
Le sentier finit par user nos corps, saturés d’informations, nous sommes allés jusqu’au bout, faisant basculer nos frontières, mus par la tentation irrépressible de préserver ces images. Humbles, en morceaux, la sensation d’achèvement ne s’est pas fait sentir.
Une réussite! Le désir de refaire cette expérience se fit vif, en effet, nous étions, déjà, croqué.e.s par cet endroit.
—–Nous ne pouvons que vous inviter à faire l’expérience des lignes saisissantes, des perspectives acoustiques du site Corot de Saint-Junien!
Bien à vous,
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