Vayres, la rivière au nom dérivant du Sanskrit…

– Nous fêtons notre rivière, la Vayres, à l’occasion de notre participation à la Fête de la Nature le dimanche 28 mai prochain!

Et au milieu coule la Vayres – Manifestation officielle 2023 par Vayres à Soi

Pour nos recherches sur le patrimoine naturel de Vayres (village comme rivière), et après de nombreux emprunts de livres à la médiathèque Ouest Limousin d’Oradour-Sur-Vayres, nous sommes tombées sur l’ouvrage de Robert Morange, ancien maire de la commune, Ce pays d’où je viens…Oradour-Sur-Vayres aux éditions de La Veytizou. Vous découvrirez, dans cet article, des extraits issus de ce livre dont nous vous recommandons la lecture et la découverte!

Limousin, Pays des frais ombrages et des eaux vives, où le printemps et l’automne s’y livrent à une merveilleuse débauche de couleurs, accrochant aux talus et aux flancs des coteaux, tantôt les blancs, les ors et les rouges les plus vifs, tantôt les pourpres, les mauves et les mordorés les plus chauds, Limousin, pays mélangé de contrastes et d’harmonie où, tant que fleuriront sur son tapis de verdure, les marguerites et les boutons d’or, les genêts et les jacinthes sauvages, la digitale et la bruyère, s’offrira au regard émerveillé du promeneur, le plus étonnant et le plus chatoyant des camaïeux.

Voici, ce que nous pouvons lire concernant notre rivière commune, la Vayres!

VAYRES ?

« VAYRES ( Varuna-Var-Vara-Varius-Verray-Vaire-Vayres)

D’où provient le nom « Vayres« , second nom de la commune ? Tous les manuscrits consultés pour tenter de connaitre les origines du nom de la Vayres, rivière qui prend sa source au lieu-dit Chandeau, à la sortie Sud-Ouest du bourg, nous indiquent qu’il s’agit d’un mot dérivant d’une langue Indo-Européenne formée à partir d’une base orientale indienne, le Sanskrit et ses nombreuses variantes, et des diverses langues européennes, dont le Celte n’est pas la moindre, en provenance de l’Europe Centrale principalement. »

La Vayres au Moulin des Monts (Vayres), le 16 mars 2023

Le sanskrit (ou sanscrit), mère des langues ?

Le Sanskrit est une langue de l’Inde, parmi les plus anciennes langues indo-européennes connues (plus ancienne même que le latin et le grec.

Peu de langues ont eu une destinée aussi exceptionnelle que le sanskrit. Il fait exception d’abord par sa longévité. Le chinois seul peut rivaliser avec lui dans la durée; il n’a pas pour l’époque ancienne de monuments littéraires aussi importants que les Veda, mais de nos jours sa vitalité est sans comparaison plus grande.

Le sanskrit fait encore exception par la stabilité de sa forme au cours de l’histoire. Il se différencie de ce point de vue du chinois qui a considérablement évolué au cours des âges. Enfin, et c’est peut-être son caractère le plus original, il a été sacralisé à un degré plus élevé que toute autre langue. Toute description du sanskrit se doit de mettre en évidence et de tenter d’expliquer ces trois caractères: longévité, stabilité, sacralité. Ce ne sont pas des traits naturels du langage. Ce sont des effets de l’action des utilisateurs de la langue. Source Le Sanskrit, Pierre-Sylvain Filliozat, Que sais-je? PUF, 2019

Les Celtes

« La civilisation Celtique, ne l’oublions pas, a dominé L’Europe et l’Asie du Sud-Ouest durant presque trois millénaires avant J.C, établissant, ici, et là, des colonies de peuplement; qui, elles-mêmes ont formé les premières tribus Celto-Gauloises des Arvennes, des Eduens, des Lemovices et autres Parisii, au total une bonne soixantaine de tribus, en conflit,, presque permanent, avant l’invasion romaine vers le 2ème siècle avant J.C, qui a mis bon ordre à ce tumulte gaulois incessant. »

Les Arvernes dont le nom signifie « ceux qui vivent près des aulnes », furent un des peuples les plus puissants de la Gaule aux IIIème et IIème siècles avant J.-C.

Leur influence dépassait largement les frontières géographiques de l’Auvergne actuelle et nombre de peuples voisins étaient clients des Arvernes : les Cadurques, les Gabales, les Vellaves, les Heleuteri, les Ségusiaves, les Ruthènes et les Helvii. Tous ces peuples ainsi que leurs voisins et alliés, les Lémovices, Pétrocores, Bituriges et peut-être les Carnutes, constituaient la Confédération Arverne. Source

Les Éduens ou Héduens (en latin : Haedui) étaient un peuple de la Gaule celtique. Les Éduens étaient établis dans les actuels départements français de la Nièvre et de Saône-et-Loire ainsi qu’au sud de celui de la Côte-d’Or (correspondant approximativement à l’arrondissement de Beaune) et à l’est de celui de l’Allier.

Parisii– Les Parisii formaient un peuple gaulois installé dans l’actuelle région parisienne, qui a donné son nom à la ville de Paris.

Lemovices – Les Lémovices ou Lemoviques (en latin, Lemovices) sont un peuple gaulois provenant d’Europe centrale puis ayant migré dans l’ancienne région française du Limousin auquel ils ont donné leur nom ainsi qu’à la ville de Limoges.

« De l’Inde du Nord nous est arrivé, à partir, de la fin du 3ème millénaire avant J.C l’un des tout premiers livres religieux de l’Inde, le VEDA. »

Le Veda (devanāgarī : वेद – sanskrit : « vision » ou « connaissance ») est un ensemble de textes qui, selon la tradition, ont été révélés (par l’audition, Shruti) aux sages indiens nommés Rishi.

Le védisme ou religion du Véda représente l’aspect le plus ancien sous lequel nous sont attestées les formes religieuses dans l’Inde. Les textes védiques, qui sont les premiers monuments littéraires de l’Inde (et parmi les plus anciens de l’humanité), livrent en même temps le témoignage le plus archaïque de la religion qu’on appelle tantôt le brahmanisme, tantôt l’hindouisme.

S’il fallait délimiter les deux mots, le mot brahmanisme devrait désigner la religion des époques anciennes et se confondre par suite, en partie ou en totalité, avec le védisme ; le terme d’hindouisme viserait plutôt l’évolution religieuse dans son ensemble soit à partir du Véda, soit après la période védique. Source Chapitre Premier. La religion védique par Louis Renou Source CAIRN

Les quatre livres de VEDA

[…]  » Ces Livres de Véda » se composent de quatre grands écrits et sont des livres de poèmes lyriques à base religieuse, liturgique et incantatoire où sont évoqués les actes des dieux du panthéon védique, tels Varuna, Indra et Mitra. Ces textes qui comptent parmi les tout premiers transmis d’abord par la mémoire orale des hommes, puis révélés par l’écriture Sanskrite aux sages de l’Inde du Nord à partir du XVI ème siècle avant J.C., ont été à l’origine de la religion Brahmane Véridique de ce temps. Ils nous content la domination qu’exerçaient alors sur les peuples qui vivaient dans ces immenses territoires d’Asie Orientale, les dieux du Véda qui se nommaient: Varuna, Indra et Mitra. »

« Varuna: la plus importante et la plus vénérée des divinités védiques, roi des dieux et dieu du ciel, du cosmos et de la nuit, grand maître des eaux primordiales et terrible juge des actes des hommes. Il était le plus craint et terrifiait les hommes. « 

L’une des divinités les plus importantes du panthéon védique. Parmi elles, Varuṇa occupe même une place prépondérante : avec son coadjuteur Mitra, il a la charge de veiller au bon ordre des choses dans l’univers ; on dit qu’il est le « gardien du rita » (norme cosmique). À ce titre, il observe les actions des hommes, aidé en cela par des « espions » qui forment sa suite, et il punit les pécheurs, les frappant notamment de maladies. Il dispose d’une puissance magique, la māyā, grâce à laquelle il peut intervenir dans le monde, par exemple en suscitant la panique dans une armée ou en rendant fous ceux qui enfreignent ses ordonnances.

« Indra: était alors roi des dieux secondaires. Il fut opposé à Varuna en combat singulier et sa victoire fit de lui le dieu des divinités du ciel et le triomphateur des démons. Il devint le dieu bienfaiteur protecteur des hommes auxquels il apporte l victoire dans les combats.  »

Painting of Indra Bhagwan on his elephant mount, Airavata, c. 1820.

Mitra: est le dieu ami des hommes, dieu du soleil et frère de Varuna dont il est la face bienfaitrice et protectrice. {…]

Le nom de la rivière La VAYRES

[…] »Il est important de rappeler, pour mieux comprendre, quelles furent les conséquences du grand brassage linguistique qui s’est opéré dans ces contrées et à ces époques du premier millénaire avant J.C., que le langage pratiqué notamment par les Celtes, est surtout un langage oral, le langage écrit étant réservé aux savants et sages du temps, ainsi qu’aux prêtres de la religion dominante d’alors, issue du druidisme et du panthéon Gréco-Latin.

Cette oralité du langage populaire a permis toutes ces dérives de vocabulaire et de sémantique, notamment, au cours de sa dispersion à travers la Gaule.

Le langage Celtique Pré-Gaulois a bénéficié de l’apport de nombreux éléments provenant de l’Orient lointain, lesquels ont être intégrés à l’écriture qui s’est ensuite développée.

Ainsi la langue Indo-Européenne de référence, qui n’a jamais été réellement parlée par aucun peuple représente une véritable synthèse d’où sont issues en grande partie les langues parlées et écrites aujourd’hui dans le monde, dans leur grande diversité. Cf le travail des linguistes Franz Bopp et d’Emile Benveniste.

Franz Bopp (Né à Mayence, Franz Bopp étudie à Paris de 1812 à 1816 (le persan, l’arabe, l’hébreu, le sanskrit), puis à Londres de 1816 à 1820. Il est le fondateur de la méthode comparative en linguistique. Son ouvrage, Le Système de conjugaison du sanscrit comparé avec celui des langues grecque, latine, persane et germanique, etc. eut une importance considérable dans le développement et l’évolution de la philologie (Dans la pratique, la philologie tend à se ramener à l’interprétation textuelle des documents.)

Emile Benveniste (Émile Benveniste fut l’un des plus grands linguistes contemporains. Ses contributions essentielles concernent les études indo-européennes, la linguistique synchronique et la linguistique théorique. Il fut élu au Collège de France en 1937 et il y enseigna jusqu’à ce que la maladie l’eût contraint à se retirer, en 1970).

Des rapports, plus ou moins étroits, ont pu être mis en évidence entre le Sanskrit Védique de l’Inde du Nord et les diverses langues européennes et orientales.

VARUNA – VAR- Vayres

« […]Varuna a perdu, peu à peu, de son caractère effrayant au cours du temps et par son transport à travers les langages occidentaux et européens pour ne plus garder que sa racine apocopée « Var ».

Préfixe servant à plusieurs mots à connotations hydronymique forte, Var a aussi représentée la vie et ses couleurs, elle a désigné l’eau, les ruisseaux, les rivières et certains lieux humides dans le langage qui nous a été transmis en Aquitaine et en Limousin.

Var arrive au cours du 1er millénaire avant notre ère, comme une racine qui va introduire, après avoir une inévitable latinisation, les mots: Vara, Variae, Varia, Varius.

…Et il a engendré Vair, Vaire et Vayres!

/// Le fleuve le Var lui doit son nom et ses petits affluents la Vaire – La Vaïre est une rivière de France, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et un affluent droit du Coulomp, et donc sous-affluent du fleuve le Var.

« Vayres en Gironde: selon Patrick Epron dans son ouvrage Origine des noms de lieux en Gironde et en Aquitaine, Vayres portait le nom primitif de Varatédo à l’époque Gallo-Romaine, issu de Vara, latinisation de la racine VAR.

Var – variation, variable, Eau dont le cours est sinueux...

Oradour- Oratorium (lieu où l’on prit), oratoire, ouradou, oradour)

« Voici donc Oradour, la très chrétienne et Vayres, la païenne qui se donnent la main pour dénommer Oradour-Sur-Vayres

Selon le Petit Larousse, le paganisme vient « Du latin paganus, paysan. Se dit surtout, par opposition à chrétien, des peuples polythéistes ou de ce qui se rapporte à ses peuples ou à leurs dieux. Paganisme, nom donné par les chrétiens des premiers siècles au polythéisme gréco-romain, auquel les habitants des campagnes restèrent longtemps fidèles.

Nom donné ensuite par les chrétiens à l’état d’une population qui n’a pas été évangélisée. »

Pierre Chuvin (Les derniers païens, Paris, Belles lettres, 1991) enrichit cette définition : les païens, les pagani, sont les « gens de l’endroit », qui ont une religion locale c’est-à-dire ethnique et enracinée, et les chrétiens, les alieni, les « gens d’ailleurs. Le néo-paganisme et la politique : une tentative de compréhension par Stéphane François Source

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Dans le livre de Robert Morange, nous apprenons une précision importante concernant la rivière, la Vayres, et sa source: celle-ci se trouve au lieu-dit Chandeau, elle a été engloutie dans un étang dont le trop plein constitue aujourd’hui, le véritable point d’émergence de la Vayres, qui coule en direction du Boucheron, puis du village de Vayres!

Nous savions que la Vayres a 4 affluents ( Le Tourate, le Grava, la Prunelle et le Rat). Ce dernier parfois appelé Ras prend sa source près du village de Pouloueix, engloutie dans l’étang crée en 1997, seule l’une des sources, autrefois vénérée, est visible à gauche de l’étang.

Terre limousine, gîtée dans l’ancestral écrin de l’arbre et de l’eau, Nous qui t’aimons et qui te célébrons, Qui ne sommes ni poètes ni écrivains…

Couverture du livre dont sont issus tous ces extraits

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