Avant de faire quelques menus points développement sur cette Journée Européenne du Patrimoine et du Matrimoine du 17 septembre à Vayres, nous aimerions évoquer, avec vous, un temps singulier, vécu, le jour même, par le bourg et ses villages et, implicitement, par nous-mêmes, à la fois habitantes citoyennes et membres de la société civile.
Nous vous parlerons, sans langue de bois, en toute transparence, il se peut que certains propos vous surprennent. Nous assumons.
Tout d’abord, c’est quoi le Patrimoine?
Le patrimoine s’entend, au sens du présent code, de l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique.
Et c’est là toute la bataille, celle de l’intérêt!
Il s’entend également des éléments du patrimoine culturel immatériel, au sens de l’article 2 de la convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée à Paris le 17 octobre 2003. (Article 1 du code du Patrimoine –Source Legifrance
La lavoir peut, à ce titre, relever du patrimoine culturel immatériel au sens où il fait partie de la mémoire sociale et collective du village.
Néanmoins, nous aimerions créer un matrimoine rural (pour un féminisme du quotidien sans logique de domination), qui permette de sortir du caractère exceptionnel propre aux femmes de pouvoirs- artistes et autres tel qu’il est défini , stricto sensu, par le Matrimoine.
Qu’est-ce que le Matrimoine? Le Matrimoine est constitué de la mémoire des créatrices du passé et de la transmission de leurs œuvres.
L’égalité entre femmes et hommes nécessite une valorisation de l’héritage des femmes, nous ajoutons avec la juste reconnaissance de leur soumission sociale, géographique.
Les Journées Européennes du Patrimoine?
2023, c’est la 40 ème édition: les JEP se déroulaient du 16 et 17 septembre 2023 dont les thèmes étaient: « Patrimoine vivant » et « Patrimoine du sport ».
Les Journées européennes du patrimoine (JEP) sont des manifestations nationales et internationales annuelles qui permettent au public la découverte de nombreux édifices et autres lieux qui ne sont souvent qu’exceptionnellement ouverts au public, ou de musées qui vont alors modifier leur offre voire leur tarification pour l’occasion.
Créé en France en 1984, cet évènement est désormais une action du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne qui a lieu dans une cinquantaine de pays. – Les premières Journées du patrimoine ont été lancées le 23 septembre 1984 par le ministère de la Culture français2, à l’initiative du ministre Jack Lang, sous le nom de « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques », le troisième dimanche de septembre.
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Toutes les photographies qui vont suivre sont issues des Journées Européennes du Patrimoine au lavoir de Vayres le 17 septembre 2023. La scène dans son ensemble, détails et œuvres présentées pour l’ exposition Étancher sa soif.
Pour ce qui est du programme, c’est par ici
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Tout est politique ?
Sans en avoir eu connaissance, avant la programmation de notre événement, nous nous sommes retrouvées placées sur une ligne de départ électorale qui aurait pu être un temps « humainement chouette », un moment de partage même si les crispations et ressentiments pouvaient être palpables.
Pas mais aucun vayroi.e.s n’a fait le déplacement au lavoir ce jour-là, au lieu-dit Rose Ebène comme nous aimons gentiment l’appeler, alors que la distance entre le bureau de vote et le lavoir est, approximativement, de 500 mètres au plus et que les votants, au vue des résultats furent nombreux à avoir fait le déplacement! Merci à eux.
Nous avons eu comme publics des personnes en provenance d‘ailleurs. Anglophones en aucun cas concernés par le vote. Très surprises, nous nous sommes adaptées, en live question traduction, donnant un petit côté improvisation façon stand up à tout ça et c’était super!
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Dimanche 17 septembre, Vayres est un village en vote
En effet, ce dimanche là, nous votions afin de reconstituer le conseil municipal. De lui redonner 5 membres, les autres ayant démissionné, afin qu’il puisse vivre, délibérer… Nous avions le choix entre deux listes, composées, en ce qui nous concerne, par des personnes peu connues voire inconnues.
Nous avons eu, cependant, l’occasion de discuter sur cet exercice étrange de la vie politique que représente la constitution d’une liste. Nous déplorons, aujourd’hui encore, que davantage de discussions informelles, spontanées ne soient pas venues ponctuer la vie du village bien avant la découverte de ces listes.
Pouvoir échanger, rencontrer, faire connaissance, confronter, expliquer/raconter notre vécu récent ou ancien à Vayres, notre rapport individuel et collectif à ce village, notre sentiment d’appartenance ou non, etc…Nous apparait être fondamental lorsque les questions de vivre ensemble sont sur le tapis et que l’appropriation du village par ses habitants est en jeu.
Nous militons, à notre manière, pour une démocratie inclusive plus accueillante, ouverte et participative à même de sortir une commune des clivages qui ne permettent pas une construction solide, ambitieuse et qui serait davantage au fait des attentes de chacun.e.s sans discrimination. On quitte l’entre soi pour donner de l’air, on crée les conditions favorables d’une parole libre, sans jugement, sans condescendance ni arrière pensée, sans calcul et surtout sans constitution d’un quelconque cloisonnement communautaire.
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Les représentations du patrimoine
La campagne, eldorado ou terre du milieu ?
Vayres à Soi est une association qui essaie de développer des outils de valorisation et d’interrogation en milieu rural, à Vayres, en Haute-Vienne. Le terrain c’est à lui que nous sommes collées. Consciente que le Patrimoine est un sujet éminemment politique, interroger ses représentations l’est tout autant ce pourquoi nous insistons sur la considération, la mise en lumière, le focus à accorder, à apporter ou tout simplement à avoir pour ses représentations.
Nous savons que ces représentations sont aussi des outils de pouvoir. Lorsqu’ ils sont classés hors jeu, ils ne participent pas à nourrir les symboles du pouvoir. La mise en lumière du vernaculaire n’a rien à voir avec l’éducation, l’instruction, la culture du bon goût qu’il faudrait avoir assimiler.
Ce plaidoyer n’a rien de l’éloge ni de l’apologie, l’ordinaire mue, se déforme, contraint, se contracte et se dilate, vivant, soumis au changement, il poursuit son évolution. Nous l’interrogeons, sans coup d’encensoir ni fanfare, lui donnons un temps d’écoute et d’observation minutieux.
Nous nous demandons, simplement, pourquoi certaines représentations sont, encore, invisibles, inaudibles, sans iconographie.
A partir de nos expériences, lectures et recherches, nous avons commencé à débroussailler, un peu, le chemin de la pensée, sans vulgarisation ni parti pris politique, on laisse la carte postale, le cliché, les mots valises, la novlangue.
Non, la campagne ce n’est pas un tout rural à l’identité de marbre, un visage figé qui aurait du plomb dans l’aile voire du souci à se faire.
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La ruralité détient ses quelques forteresses imaginaires, ses encablures qui claquent, ses tournois à touristes, elle possède des histoires sociales parfois méconnues, mal connues ou sujettes à la rumeur. L’idée c’est d’essayer de donner de la voix, aujourd’hui, à des endroits endormis, endoloris, engourdis, c’est selon, de la campagne.
Une folle manière de lui faire un peu justice à celle qu’on a souvent traité comme une terre culturelle pauvre, un coin largué, un endroit d’où on vient qui nous stigmatise, un point sur une carte sans image, pile sur la menteuse diagonale du vide.
Avec la campagne, ses habitants, coutumes et tout ce qu’il peut rester comme histoires sociales et culturelles qui pourraient être belles à entendre, à lire, à découvrir, dont les voyages nous feraient, au mieux, du bien, sinon réfléchir, sans nostalgie à ses mutations et apports.
Nous pensons que les représentations du patrimoine, à Vayres sont nombreuses. A commencer par l’oralité, la langue, l’immatériel et les autres, quoique le patrimoine naturel surclasse un peu l’ensemble. Le patrimoine rural souffre. Cela dépend, bien sûr, des endroits/régions/politiques, des intercommunalités qui peuvent contribuer à cet effacement avec cette volonté d’identité commune pour des territoires qui, pourtant, ni ne disent, ni n’entendent les mêmes choses…
Ces représentations ne sont pas en situation de handicap mais elles sont soumises à des traitements démocratiques défavorables, à des choix peu stratégiques en ces temps de démocratie culturelle. En effet, les volontés de mutations, la diversité, la diversification viennent opposer leur veto à l’homogénéité identitaire stérile. La campagne ce n’est pas une identité uniforme, des espaces de référence comme les communes, par exemple, ne se ressemblent pas et ne sont pas figées par le temps et les symboles.
Politique & Culture
On prend la route de ce texte dont voici, ici, quelques grands extraits – De la démocratisation à la démocratie culturelle
« Les caractéristiques d’une politique spécifiquement démocratique de la culture sont à considérer sur deux niveaux, on amène vers les publics : « Le premier est celui des institutions politiques et culturelles.
Celles-ci, en France, agissent habituellement au niveau de la « culture » de manière à la filtrer afin d’en sélectionner les « meilleures » formes, qui sont alors patrimonialisées, puis à la rendre accessible à un large public et à en assurer la diffusion.
Progressivement, la tendance s’est inversée : l’idée de « mettre l’art à la portée des masses », de proposer aux publics des spectacles qu’ils sont capables d’apprécier, afin de s’assurer de leur fréquentation, de leur adhésion et de leur satisfaction, s’est répandue, justifiant ainsi les dépenses des deniers publics. »
Toutefois, ces deux démarches sont strictement analogues du point de vue des principes démocratiques qui nous intéressent ici : l’idéal élitiste comme l’idéal populiste excluent les publics d’une participation à la constitution de leur expérience esthétique comme à celle de l’histoire des formes de leur pays, et les consacrent comme destinataires passifs, comme spectateurs d’un jeu où le pouvoir s’impose par l’intermédiaire de symboles adaptés.
C’est quoi la démocratie culturelle ?
C’est intégrer plus qu’assimiler, ses finalités sont plurielles et expérimentales.
Cela revient à se situer hors des institutions, en créant un partage démocratique à même de créer les conditions d’une vitalité culturelle.
Nous nous postons contre le déterminisme culturel, au sens où » la culture conditionnerait les individus de telle manière qu’ils deviendraient relativement semblables à force d’être imprégnés du même bain culturel. Dans les grandes lignes, cette conception accompagne la vision nationaliste de l’histoire et de la politique : le « peuple » ou la « race » réalisent collectivement la « culture » à laquelle les individus doivent s’initier et adhérer afin de devenir les membres pleinement assimilés de la communauté. »
« Une société qui ne met pas à la portée de ses membres les ressources nécessaires à leur pleine réalisation en tant qu’individualité distinctive et en tant que membre pleinement participant, ne peut être ni juste ni démocratique. Cette affirmation en sous-tend plusieurs autres qui s’appliquent très étroitement à l’idée en marche aujourd’hui d’une démocratie culturelle. »
« Le purisme culturel, qui atteint bien entendu le concept de « haute culture » ou d’élite par opposition à la basse culture ou culture de masse, atteint aussi les conceptions collectivistes qui alimentent les craintes du « communautarisme » et du « repli identitaire ». Dans les deux cas, les effets liberticides et antidémocratiques de ce purisme sont avérés. »
Nous nous sommes demandées pourquoi invisibiliser ?
Invisibiliser pour des raisons de concurrence intra territoriale, de supériorité subjective et symbolique, historique, l’humble n’est rien face au remarquable, le quotidien n’est pas grand chose, ne pèse pas lourd face aux édifices minéraux tout en chemin de pierres, une architecture d’orfèvre toute en puissance et en rayonnement anéantit le vernaculaire haut comme trois pommes.
Et aujourd’hui ?
Les châteaux, c’est le luxe et les lavoirs, du hard discount culturel ?
Promouvoir le hard discount c’est tout un métier. Nous relevons le défi. En nous posant sur ce thème de l’eau, nouveau pétrole, notre lavoir du village s’enrichit, il prend ses quartiers et fait sens à plus d’un titre. De plus, le lieu nous plaît car il opère comme un vrai détracteur à sa manière, pas facile, un peu perdu, à l’air immobile mais solide, les pieds bien plantés dans le village, il nous attend et nous voit. Alors, la programmation de cette année s’est montrée plus pointue encore que celle de l’an passé!
Le lavoir serait ce hors les murs pour habitants et passants.
Des lectures fastidieuses de la prose magnifique de Julien Gracq, les Eaux étroites, La Maison (inédit sorti en mars 2023), Alain et sa dévotion pour Balzac, Jean Blanzat qu’on aime tant et son Iguane qui fait froid dans le dos, on allait parler de Nerval, Clancier, partir vers Poe et revenir vers Suzanne Valadon histoire de faire quelques plongées dans les eaux culturelles étendues, en images indéfinies, territoire ouvert, lieu voyage, patrimoine et matrimoine ne faisant plus qu’un!
Étancher sa soif, c’est une exposition sous plastique où se mêlent, ainsi suspendus à des crocs de fer (agrafes), des morceaux de feuilles, une végétation modeste, des photos dessalées, des textes issus de journaux, des cartes, plans, tickets…
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Une scénographie vernaculaire, pour ces lectures, tout en plastique histoire de balancer un peu sur le sujet; Nous sommes des intégrateurs, vénérateurs, consommateurs frénétiques de plastique au point d’ en ingérer chaque jour…
Evian, que l’on voit ici, en casier c’est 2 190 000 000 Chaque année, oui, près de 2,2 milliards de bouteilles d’Evian sont consommées dans le monde. Autrement dit, 6 millions de bouteilles quittent chaque jour le site d’Evian( filiale de Danone).
Nous avons ajouté notre rapport au déchet, avec le recyclage, la seconde main, notamment pour les livres et le Label Emmaüs, partenaire naturel de ce projet parce que fournisseur officiel, la broderie « Vayres à Soi » fait main d’une artiste brodeuse de Poitiers (Manon Pouille), des coussins, du confort de visite, des coups de craies de trottoirs un peu partout, autour et dans le lavoir, rien que pour écrire sur l’eau… Et puis, du linge, parce que le vêtement est un grand consommateur d’eau, l‘industrie textile est un des pire désastre écologique à ce sujet.
Enfin, nous n’avons pas oublié de sortir nos cartes du monde, pour saisir et mesurer l’importance des mers comme frontières, l’Ukraine ne cesse de nous le montrer depuis le début du conflit.
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La problématique du lieu
Vayres, c’est où ? Le lavoir et après ?
Nous n’ignorons pas que Vayres n’est pas le village le mieux connu, ni ici, ni ailleurs. Et alors ? Il mérite autant le respect que n’importe quel territoire d’habitation. On se moque de la gloire, du règne, des mystères et boules de gomme qui entourent on ne sait quoi.
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Vayres c’est un bourg et 52 villages, vous voyez le côté constellation. Le bourg pourrait être un corps avec une colonne vertébrale: la rue belles roses, il est donc découpé en deux. Le lavoir c’est d’un côté, le cimetière c’est de l’autre, sans mentir. Nous avons choisi cet endroit ou peut-être est-ce lui. Tout ce qu’il y a de sûr c’est que cela fait plus d’une année qu’on travaille, main dans la main, avec lui. Pour nous, c’est le lieu le plus féminin du bourg. Il représente, symbolise le territoire subi des femmes, nous, par ce choix, nous essayons d’en faire un territoire choisi par deux femmes, au moins. C’est cette volonté de passage qui nous intéresse.
On persiste et on signe, avec lui, à partir d’elles.
Vayres Versus Rochechouart ?
Nous partageons avec Rochechouart, Videix et Chéronnac le même code postale: 87600. Pas simple de se trouver à moins de 10 km de Rochechouart, pas un cadeau sauf pour celles et ceux, comme nous, qui n’aiment pas le prestige, l’écrasement de l’héritage, en termes de représentations du patrimoine, entendons-nous.
Non, notre église n’est pas romane ou en transition du roman au gothique, à l’intérieur, elle est en pierre et bois, non, nous n’avons pas de château mais nous avons le Mas du roule (propriété privée) qui pourrait être un jour, un haut lieu culturel et sportif (équestre), un tiers lieu, une résidence d’artistes, nous pourrions même avoir un musée de la Serpentinite car nous bénéficions de la présence d’une carrière (patrimoine géologique) à Merlis et que l’une de nos maisons de la colonne vertébrale (rue belles roses) est construite avec de la Serpentinite…Nous avions même une salle de bal au cœur du café des sport à se pâmer parait-il, alors, rivaliser ? Pourquoi se sentir inférieur ? Nous ne sommes pas inféodés à Rochechouart.
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Le lieu Versus la programmation
L’intitulé « circuit » est une erreur de la part du site officiel des JEP. Vous voyez l’image ci-dessous qui nous a servi à communiquer, c’est celle de l’an passé. Nous avons modifié, cette année, la scénographie/l’ambiance, le lieu ne vient rien redire, pas de bis repetita. Donc exister, à partir d’un lavoir de village que l’on habille pour l’occasion peut créer la surprise mais c’est un jeu dans tous les sens du termes, jeu de mot, jeu de dupes. Nous imaginons fort bien qu’un lavoir perdu à Vayres, référencé par le site officiel des JEP ( Ministère de la culture), peut prêter à se demander:
Mais à quoi bon ?
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Il est un pied de nez, un pavé dans la mare d’une campagne qui vieillit mais qui a le droit à son charme, d’un village, d’une commune ignorée sur les cartes de l’intercommunalité à laquelle elle appartient, dont elle fait partie pour être plus juste. Oui, il y un brin de révolte et de provocation, n’est-ce pas le but de toute programmation culturelle ?
La programmation n’était pas développée dans le détail, par espièglerie, mais aussi parce que nous savons que les mots « lectures « peuvent freiner, les noms d’auteurs exigeants, méconnus pour certains dont des extraits de textes seraient lus en pleine campagne, cela peut paraître inadéquat mais ce serait revenir à l’adage terrible « ce n’est pas pour moi ». Et puis Blanzat et Gracq sont chez eux, ici. La vallée de la Gartempe pour l’un, l’Evre pour l’autre, tous deux férus de bords de l’eau.
Le lavoir est aussi un lieu permissif et étonnement perméable. Il est un lieu de travestissement.
La littérature a ses lettres de noblesse, lues, dans les rues d’un village un peu lost in translation, ça fait un drôle d’effet. Ses auteurs offrent au lavoir une tête des beaux jours. Cela nous ravit de lui permettre de sortir des jours ordinaires où il est à la fois canisite, non visité, oublié voire peu aimé.
On aimerait que le lavoir change de peaux aux yeux des habitant.e.s, qu’ils puissent muer avec le beau respect qu’il mérite
Les images symboliques et la communication
La POL et sa carte du territoire

La carte présentée ci-dessus se construit et se lit avec 3 points, trois axes majeurs, trois organes vitaux ? 3 communes, puis la Vienne qui vient découper telle une ligne traversante, un peu plus haute, la Glane. Des flèches directionnelles: Orléans Paris au Nord, Limoges Toulouse Lyon à droite (Est), à l’Ouest (Angoulême, Royan, Bordeaux)et au Sud Périgueux.
3 communes pour 13 communes par ordre alphabétique qui composent la POL (Porte Océane Limousin): Chaillac-Sur-Vienne (1254 hab.), Chéronnac (317 hab.), Javerdat (693 hab.), Les Salles Lavauguyon( 145 hab.), Oradour-Sur-Glane (2478 hab.), Rochechouart (3725 hab. pour 53,88km²), Saillat-Sur-Vienne (799 hab.), Saint Brice-Sur-Vienne (1665 hab.), Saint-Junien (11600 hab. pour 56,82 km², Saint -Martin- de- Jussac (564 hab.), Saint Victurnien (1802 hab. pour 21,04km²), Vayres (904 hab. et 38, 13 km²), et Videix (224 hab.)
En nombre d’habitants: St-Junien, Rochechouart, Oradour-Sur-Glane, Saint Victurnien, Saint- Brice, Chaillac-Sur-Vienne, Vayres se classe en 7 ème position soit à la moitié.
A retenir la surface en km² pour Rochechouart, Saint-Junien, respectivement, 53,88- 56,82 et 38,13 pour Vayres qui donne à cette dernière sa particularité en considération de son nombre d’habitants, elle est 3ème en superficie et 7ème en nombre d’habitants. Ces informations nous rappellent son importance par le passé.
Nous aimerions une carte où toutes les communes apparaissent, avec leur nom sans être effacées au profit d’une ligne qui semble s’étirer vers du vide.
La POL Tourisme
Au regard de notre évènement des JEP à Vayres, là où ça a coincé, c’est avec notre communication, tant que les sites reprennent nos images et nos textes, tout se passait bien. Et puis, un moment malheureux nous a fait croiser cette publication de la POL tourisme sur son blog.
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La confusion: l’image qui ne colle pas au texte, nous qui luttons contre la minéralité la plus absolue, qui souhaitons apporter une visibilité à la sociologie d’un patrimoine, plus humble, rural, social soit tout sauf la mise en valeur d’un patrimoine religieux.
Nous nous sommes demandées si l’erreur du service POL ne tenait pas à l’envie de céder à l’effacement.
L’image est, à elle seule, problématique car elle est trompeuse. Le RDV est au lavoir de Vayres. Il nous est présenté l’église du village. En 1, nous mettions à l’honneur un patrimoine rural, et militons pour la reconnaissance du lavoir comme matrimoine rural depuis 2022. Une église, y compris celle de Vayres, n’est pas un patrimoine rural mais un patrimoine religieux. Cette publication déforme notre propos.
Vayres
Cette publication nous a fait vivement réagir car la POL tourisme n’a pas à estimer ce qui est approprié voire plus adapté à sa ligne éditoriale sans en informer les porteurs de projets, acteurs associatifs et autres. Elle n’a pas à modifier la portée d’une manifestation, son sens, son image et sa symbolique. Surtout lorsque le site officiel des JEP valide le texte et l’image que nous lui avons adressé. Qui est la POL Tourisme pour s’autoriser pareille distorsion ? Et créer une suite d’incohérence et de non sens ? Quelle marque de respect est adressée aux acteurs associatifs, culturels de son territoire ? Quelle place accorde-t-elle à la diversité ? Quelle considération a-t-elle pour les villages qui la composent si elle ne respecte pas ni leurs habitants ni les représentations du patrimoine qu’ils accueillent ?
Parce qu’avant d’être Vayres à Soi, nous sommes habitantes de Vayres, nous travaillons, depuis novembre 2021, avec Instagram pour donner à voir des images actuelles du village.
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« De nombreuses traces préhistoriques et néolithiques sont présentes autour de Vayres.
Lieu de passage sur le chemin des métaux entre l’Armorique et la Méditerranée et le chemin du sel entre Limoges et Angoulême. La paroisse s’appelait Saint Jean de Vayres jusqu’au 18ème siècle.
L’église actuelle a été reconstruite entre 1869 et 1873 en remplacement de deux églises l’une dédiée à Saint Georges, l’autre dédiée à Saint Pierre. Les murs des maisons traditionnelles avec leurs murs composés de brèches météoritiques ou de serpentine témoignent de l’appartenance de Vayres au pays de la météorite ». Source
On reprend la définition suivante apportée par le code du Patrimoine: « l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique.
Un lavoir est un espace public. Le propriétaire de l’église, lorsqu’elle est antérieure à la loi de séparation (la commune pour les églises et l’Etat pour les cathédrales) ne peut exercer aucun droit d’usage de l’église sans l’accord de l’affectataire (le Diocèse). La jurisprudence du Conseil d’Etat l’a rappelé à propos de l’organisation par le maire d’une exposition dans une chapelle affectée.
Ici, avec cette image pour la diffusion de notre manifestation, ceci peut créer de l’amalgame dans tous les sens du termes: lavoir et église ? Public ou privé, Mairie et Diocèse. Notre proposition n’a rien à voir avec le Diocèse, par ailleurs, déjà contacté pour l’organisation d’un concert à Vayres, sans aucune réponse, à ce jour, malgré nos sollicitations.
Nous ne comprenons pas la méprise ou le raccourci clavier entre un patrimoine public local rural et un patrimoine religieux propriété du Diocèse.
L’erreur du circuit a refait surface alors que le mot n’est pas indiqué dans le document transmis au service concerné. Le nom Vayres à Soi indiqué sans précision ne vient pas nous aider, nous ne sommes pas le PSG, nous ne sommes personne, mal identifiées, méconnues, Vayres à Soi posé comme ça en 5 lignes c’est rien, c’est du vent.
Mon texte complet pour la POL tourisme, c’est celui-ci.
POL tourisme – Source image blog POL tourisme
Comment un évènement perd tout son sens en peu de temps, merci pour les efforts d’autant que c’était notre 2ème édition consécutive des JEP au Lavoir du village…
Les relais et la géolocalisation
Vayres n’est pas répertorié lorsque nous participons à des manifestations nationales (JEP, Printemps des cimetières), il faut créer les géolocalisations pour tous les lieux concernés, le lavoir, le cimetière, le champ de foire etc.. Pour chacune de nos manifestations nationales, nous avons créé les lieux et leur fiche.
Ici, c’est celle du lavoir. Toutes les photos sont de moi (Isabelle Pompe). Source journees du patrimoine programme officiel

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Les risques de l’hyperfocalisation
2023 est une année consacrée aux Ostensions limousines. Une hyperfocalisation au regard du calendrier qui tourne à l’obsession. Avec une erreur d’image comme celle présentée par la POL Tourisme, cela peut signifier plus qu’un problème pour les organisateurs d’ évènements.
A l’échelle de notre village, à Vayres, nous n’avons pas de saint, nous n’avons pas été directement « concernés » par les Ostensions limousines, tradition religieuse et populaire remontant à la fin du X siècle.
Un peu de lecture :
« Des difficultés pour l’organisation des Ostensions ? « Oui, de la part de la municipalité anticléricale. Ils nous ont mis des bâtons dans les roues jusqu’au dernier moment, ont refusé de prêter les services techniques de la ville pour pavoiser les rues, nous avons dû tout faire nous-mêmes et louer un élévateur pour accrocher les décorations, et deux jours avant nous n’étions toujours pas sûrs que le musée municipal nous prêterait le bras-reliquaire de saint Pardoux, alors qu’il figurait sur les affiches et programmes puisqu’ils avaient donné leur accord depuis longtemps. Ce n’est pas comme à Saint-Junien, où la mairie est communiste depuis un siècle mais très fière des Ostensions. Pour le maire de Guéret, c’était une affaire de cathos, il ne pensait pas que nos Ostensions attireraient autant de monde. »site France Catholique, la renaissance des Ostensions limousines
Cet article de 2016 précise quelque chose de totalement condamnable: la municipalité anticléricale.
—–Vous pouvez consulter la charte de l’Observatoire de la Laïcité dont voici un extrait:
« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle garantit des droits égaux aux hommes et aux femmes et respecte toutes les croyances. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.
La liberté de religion ou de conviction ne rencontre que des limites nécessaires au respect du pluralisme religieux, à la protection des droits et libertés d’autrui, aux impératifs de l’ordre public et au maintien de la paix civile.
La République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes dans les conditions fixées par la loi du 9 décembre 1905. Au titre de la laïcité, la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, ce qui implique qu’aucune religion ou conviction puisse être, ni privilégiée ni discriminée.
La laïcité repose sur la séparation des Églises et de l’État, ce qui implique que les religions ne s’immiscent pas dans le fonctionnement des pouvoirs publics et que les pouvoirs publics ne s’ingèrent pas dans le fonctionnement des institutions religieuses »…
Aucune religion ne peut imposer ses prescriptions à la République. Aucun principe
religieux ne peut conduire à ne pas respecter la loi.
Les Ostentions, pour rappel: L’origine cultuelle de cet évènement populaire a fait naître, localement, en 2009 un débat juridique en raison de son subventionnement par des collectivités locales.
Pour l’organisation des Ostensions 2009, les pouvoirs publics locaux, dont le Conseil régional du Limousin, ont attribué une somme totale de 68 300 euros à deux municipalités (Le Dorat et Nexon) et onze confréries, comités d’ostensions et associations organisatrices. Sur demande du tribunal administratif de Limoges saisi par treize militants politiques de mouvements laïques, invoquant le non-respect de la Loi de séparation des Églises et de l’État, le tribunal administratif de Limoges a demandé le remboursement de cette aide
L’ association Vayres à Soi est apolitique sans carte ni couleur, écologiste sans parti, libre, avec des valeurs mais sans aucun rapport avec la religion.
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Par effet de contraste ou par esprit libre et conscient, nous ne valorisons pas un patrimoine religieux, nous interrogeons, même, la laïcité d’un espace public tel que le cimetière.
Laïcité & Cimetière
« Au fil des ans, et au-delà des principes théoriques portés par le droit, une science appliquée de la laïcité a fini par se constituer, reconnue et approuvée par le pouvoir exécutif, qui concède aux carrés confessionnels un droit de cité dans le cimetière. L’espace funéraire supposément produit par le droit, et organisé par le principe de laïcité, est ici mis à l’épreuve du terrain, et reconfiguré a posteriori par celui-ci, dans une logique d’apprivoisement mutuel – ou, du mot de Lisa R. Pruitt, « Space tames law tames space » (l’espace dompte le droit qui dompte l’espace, trad. de l’auteur) (2014) »
« Le singulier fonctionnement des carrés confessionnels témoigne donc à la fois des ambitions du projet laïc français (la séparation nette entre faits publics laïcs et faits religieux privés) et des difficultés qui ne manquent pas d’apparaître dès lors qu’il faut mettre en œuvre ce principe. Si le cimetière public, communal, laïc et républicain est une parfaite illustration de la façon dont le droit et ses principes peuvent viser, souvent implicitement, à produire des espaces différenciés, il est également un excellent exemple des brouillages, des interférences et des patchworks qui résultent de la mise en œuvre concrète du travail du législateur. Au-delà du droit produit par l’activité législative, il existe une forme de « droit émique » (Santoire et al., 2020) des acteurs locaux qui ne recoupe pas nécessairement le droit national. » Source: Geoconfluences , la Laicité dans l’epace public et dans les cimetières municipaux.
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L’omniprésence du patrimoine religieux
A son tour, ce patrimoine devient politique lorsqu’il valorisé et se substitue à tous les autres.
A Vayres, le seul document historique, consultable même depuis notre site internet, est la Monographie de la Paroisse de Vayres par de l’abbé ( moine élu par ses pairs pour gouverner un monastère)E. Montèl, curé du village en 1925. Monographie de la paroisse de Vayres
A la campagne, l’Église trône, figure centrale autour de laquelle se sont créées des vies commerçantes, des rues, des places, comme un noyau. Raison de plus, pour nous, de ne pas poursuivre avec cette idée.
Nous croyons au quartier, au territoire décentré égal à celui du cœur de bourg, aux espaces de vie différents construits en dehors de sa masse architecturale, morale, à la fois concentrique et symbolique.
Si nous gardons à l’esprit que l’église serait la seule représentation du patrimoine valable au village, nous nous positionnons avec une attitude politique qui invisibilise, sciemment, les autres représentations présentes au village comme le patrimoine naturel, floral, funéraire, rural, immatériel (langue).
La carte postale?
Vayres pourrait-il être un village carte postale ?
On aimerait tant comprendre d’où viennent tous ces noms de villages…Vayres semble avoir une très longue histoire qui ne peut tenir dans une simple carte postale, ni dans une seule image.
Vayres serait cette constellation protéiforme dont on ne sait pas grand chose qu’il nous est impossible de réduire ou d’enfermer
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