Tout d’abord tous nos vœux pour cette nouvelle année 2024!
Samedi dernier, le 6 janvier, nous fêtions notre rentrée, nous proposions, à Vayres, une autre version de nos ateliers singuliers: le 1er consacré aux questions culturelles et histoires des arts. Tout au pluriel, aussi pour poser la question de la diversité culturelle et se placer au carrefour des pratiques artistiques, enfin, pour tenter d’élargir notre regard en direction des histoires sociales et symboliques d’ une couleur.
Ce pourquoi, nous sommes entrées par le monochrome, le rouge, la couleur par excellence!
C’est un pléonasme de parler de couleur rouge selon Michel Pastoureau.
Le sang de couleur rouge tisse un lien avec le vivant qui est très important.
A partir de l’évènement Facebook, de la page Vayres à Soi, nous avons alimenté la discussion en images, remarques, questions, ouvrages et références pour de nombreuses formes artistiques.
L’architecture a été mise à l’honneur, la photographie, le cinéma, les séries, la BD et le roman graphique, le théâtre, la danse…
Un peu d’Histoire
-Le rouge, le noir et le blanc étaient les premières couleurs utilisées par les artistes au Paléolithique supérieur, probablement parce que les pigments naturels tels que l’ocre rouge et l’oxyde de fer étaient facilement disponibles là où les premiers habitants vivaient. La friandise, une plante dont la racine pouvait être transformée en un colorant rouge, s’est largement répandue en Europe, en Afrique et en Asie.
Dans l’Egypte ancienne, le rouge était associé à la vie, à la santé et à la victoire. Les Egyptiens se coloraient d’ocre rouge lors des célébrations. Les femmes égyptiennes utilisaient l’ocre rouge comme cosmétique pour rougir les joues et les lèvres et utilisaient aussi le henné pour colorer leurs cheveux et peindre leurs ongles.
Dans la Chine ancienne, les artisans fabriquaient des poteries peintes en rouge et noir dès la période de la culture Yangshao (5000-3000 av. J.-C.).
En Europe
Après la chute de l’Empire romain d’Occident, le rouge fut adopté comme une couleur de majesté et d’autorité par l’Empire byzantin, les princes d’Europe et l’Église catholique romaine. Il a également joué un rôle important dans les rituels de l’Église catholique – il symbolisait le sang du Christ et des martyrs chrétiens – et il associait le pouvoir des rois aux rituels sacrés de l’Église.
Le rouge était la couleur de la bannière des empereurs byzantins.
En Europe occidentale, l’empereur Charlemagne a peint son palais rouge comme un symbole très visible de son autorité, et portait des chaussures rouges à son couronnement. Les rois, les princes et, à partir de 1295, les cardinaux catholiques commencèrent à porter des habitus de couleur rouge. Lorsque l’abbé Suger reconstruisit la basilique Saint-Denis en dehors de Paris au début du XIIe siècle, il ajouta des vitraux colorés de verre bleu cobalt et de verre rouge teinté de cuivre.
Ensemble, ils ont inondé la basilique d’une lumière mystique. Bientôt des vitraux ont été ajoutés aux cathédrales partout en France, en Angleterre et en Allemagne.
Dans la peinture médiévale, le rouge était utilisé pour attirer l’attention sur les figures les plus importantes; Le Christ et la Vierge Marie étaient généralement peints avec des manteaux rouges.
Le rouge est signe de richesse.
Aux XVIe et XVIIe siècles
Dans la peinture de la Renaissance, le rouge a été utilisé pour attirer l’attention du spectateur; il était souvent utilisé comme la couleur du manteau ou du costume du Christ, de la Vierge Marie ou d’une autre figure centrale. A Venise, Titien était le maître des beaux rouges, particulièrement vermillon; il a utilisé de nombreuses couches de pigments mélangées à une glaçure semi-transparente qui laisse passer la lumière pour créer une couleur plus lumineuse.
Le peintre français Henri Matisse (1869-1954) fut l’un des premiers peintres éminents à utiliser le nouveau cadmium rouge. Il essaya même, sans succès, de persuader Renoir, son voisin plus âgé et plus traditionnel, son voisin du sud de la France, de passer du vermillon au rouge cadmium.
Plus tard dans le siècle, l’artiste américain Mark Rothko (1903-1970) a également utilisé le rouge, sous une forme encore plus simple, dans des blocs de couleur sombre et sombre sur de grandes toiles, pour inspirer des émotions profondes. Rothko a observé que la couleur était « seulement un instrument »; son intérêt était « d’exprimer les émotions humaines, la tragédie, l’extase, le malheur, et ainsi de suite ».
Focus sur Mark Rothko
Pour poursuivre notre petit chapitre de la semaine « Voir Rouge », un artiste peintre américain, mis à l’honneur, actuellement et ce jusqu’au 2 avril 2024 à La Fondation Louis Vuitton grâce à Suzanne Pagé (conservatrice et historienne- directrice artistique de la fondation)- Rothko!
Une expo qui réunit 115 œuvres dans un parcours chronologique depuis ses peintures figuratives aux silhouettes filiformes jusqu’aux toiles abstraites aussi cryptiques que puissantes qui caractérisent son style reconnaissable.
Rothko, c’est le souvenir extraordinaire d’une rétrospective et la création d’une rencontre unique avec un artiste, impulsée, déjà, par Suzanne Pagé, à Paris, de janvier à avril 1999 au Musée d’Art moderne de la ville. Soixante dix ouvres étaient présentées dans l’ordre chronologique.
// Pour celle de la fondation Suzanne Pagé a décidé, cette fois, avec l’aide de Christopher Rothko, le fils du grand peintre abstrait américain, d’insister sur les débuts figuratifs de Mark Rothko.
« Parce que, comme il dit, il peint les émotions humaines fondamentales, la tragédie, la mort, l’extase. C’est universel, intemporel. Cette œuvre vous met face à vous-même. Je pense que l’on ne peut pas y échapper. D’abord parce qu’elle a quelque chose de très sensuel, jouissif, une séduction qui rend captif. Dans laquelle, il le revendique, il a mis le maximum de violence. » Suzanne Pagé..
Expo Fondation Vuitton –Mark Rothko
Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie. »
« Première rétrospective en France consacrée au peintre américain Mark Rothko (1903-1970) depuis celle du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition présentée à la Fondation réunit quelque 115 œuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles, notamment de la National Gallery of Art de Washington, de la Tate de Londres et de la Phillips Collection de Washington, et de collections privées internationales dont celle de la famille de l’artiste. »
Voici quelques uns de nos contenus numériques à propos de cet atelier:
« On entrera par la porte du Rouge pour notre 1er atelier culturel et histoires des arts…
Le rouge dans tous ses états, sous toutes les coutures, en aperçu, split screens, en peinture, au cinéma, danse, séries, photographie, architecture, mode…![]()
Un personnage culturel majeur! »
Ce samedi c’est le 1er de la série des Ateliers culturels et histoires des arts!
On ouvre la page du grand livre des histoires des arts avec la couleur rouge…
Au cinéma, dans les séries, en peinture, danse, théâtre et en architecture!
Ici, en extrait architectural : On voyage avec la Casa das Artes, Miranda do Corvo, Portugal, 2013. Future Architecture Thinking, Le Nuestra Señora del Carmen Neuropsychiatric Center, Zaragoza, Espagne, 2011. José Javier Gallardo, le Paperbridge, Lake District, England, UK, 2015. Steve Messam, La Maison rouge à Paris au 31-33 rue Glacière, architecte Catherine Dormoy et le livre consacré Red: Architecture in Monochrome au édition Phaidon.
La Maison Rouge à Paris – « Elle se dresse sur l’ancien emplacement d’un ensemble industriel du 20ème siècle, composé de bureaux et d’entrepôts (en fond de terrain), et d’une maison d’habitation (sur la rue). L’immeuble de logements sociaux, désormais érigé à la place, a été conçu par l’architecte Catherine Dormoy. Celle-ci a souhaité conserver la maison de maître, repeinte en rouge vif, et lui adosser un bâtiment neuf. Des loggias viennent en surplomb de la bâtisse à partir du 4e étage. Un troisième bâtiment se situe en fond de parcelle. » La suite ici: La Maison Rouge rue Glaciere

-Des liens vers des podcast, et deux recommandations de lecture: les éditions Phaidon et son Red Architecture et Michel Pastoureau!
Vous connaissez Michel Pastoureau?
Historien, explorateur de l’imaginaire et auteur de la célèbre série « Histoire d’une couleur »!
On en parlera lors de notre 1er Ateliers culturels et histoires des arts puisque nous entrons par la porte du Rouge avec « Voir Rouge »
En image, un ouvrage, le quatrième d’une série consacrée à l’histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe. Rouge. Histoire d’une couleur fait suite à Bleu. Histoire d’une couleur (2000), Noir. Histoire d’une couleur (2008) et à Vert. Histoire d’une couleur (2013) »

!
« Le rouge est en Occident la première couleur que l’homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu’en teinture. C’est probablement pourquoi elle est longtemps restée la couleur «par excellence», la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique.
Admiré des Grecs et des Romains, le rouge est dans l’Antiquité symbole de puissance, de richesse et de majesté.
Au Moyen Âge, il prend une forte dimension religieuse, évoquant aussi bien le sang du Christ que les flammes de l’enfer.
Mais il est aussi, dans le monde profane, la couleur de l’amour, de la gloire et de la beauté, comme celle de l’orgueil, de la violence et de la luxure.
Au XVIe siècle, les morales protestantes partent en guerre contre le rouge dans lequel elles voient une couleur indécente et immorale, liée aux vanités du monde et à la «théâtralité papiste».
Dès lors, partout en Europe, dans la culture matérielle comme dans la vie quotidienne, le rouge est en recul. Ce déclin traverse toute l’époque moderne et contemporaine et va en s’accentuant au fil du temps.
Toutefois, à partir de la Révolution française, le rouge prend une dimension idéologique et politique.
C’est la couleur des forces progressistes ou subversives, puis des partis de gauche, rôle qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui.
Michel Pastoureau – Seuil – Couleur Rouge ( 2016) prix de vente conseillé 39 €.
Pour notre 1 er atelier de la série les Ateliers culturels et histoires des arts, à Vayres, Le rouge fait son entrée!
Les formes artistiques
Le voici, en extraits, en photographie avec les œuvres de Harry Gruyaert, Martin Parr, Depardon et Saul Leiter…
Il nous emmène vers le numéro 6 et la splendide série Battlestar Galactica,
au cinéma avec le chef d’œuvre Les Chaussons Rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger, sorti en 1948 et Trois couleurs Rouge du regretté Krzysztof Kieślowski
Il nous fait voyager en terre sacrée avec les chorégraphes Pina Bausch et Maguy Marin…
Alors, voici une pépite cinéma : Blow Up
« Blow Up est un web magazine et une émission de télévision créée et présentée par Luc Lagier, disponible sur la plate-forme numérique d’Arte et diffusée très ponctuellement sur la chaîne franco-allemande depuis novembre 2010.
C’est une émission culturelle consacrée à l’histoire du cinéma utilisant des montages et des extraits de films pour expliciter une thématique ou une personnalité (acteur/rice ou réalisateur/rice) du septième art. »
On aborde aussi les oiseaux, animaux dits rouges! Le cardinal en acteur phare, image culturelle (mascotte) notamment pour son lien avec l’Amérique et un film et une référence à l’optique, le thaumatrope chez Sleepy Hollow de Tim Burton.
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Son changement de statut, il était autrefois prisé comme animal de compagnie mais sa vente est maintenant interdite aux États-Unis et au Canada selon la convention concernant les oiseaux migrateurs de 1918 et l’origine de son nom associé à l’Eglise catholique romaine.
La bande dessinée
Avant notre atelier de demain Ateliers culturels et histoires des arts, dernières petites saveurs pour aborder le rouge au cœur de l’histoire des arts..
Roman graphique, manga, bande dessinée…Le rouge comme personnage, Rackham le rouge, le rouge Fusée chez Tintin, le rouge total d’Akira, le rouge sexué chez le grand illustrateur Bjorn Rune Lie, le rouge comme un phare chez une figure importante de l’illustration et de l’édition française, Bernard Granger alias Blexbolex et le rouge signature tel le chef d’œuvre multi primé de Larcenet, Blast à s’offrir en intégrale sublime sous fourreau, évidement… ![]()
Avec le rapport à la triade (Noir/blanc/Rouge) véritable fil conducteur de la programmation culturelle de l’association Vayres à Soi, vous retrouverez le spectacle théâtral et musical « Nous-Je » dans ce sens le 29 février prochain!
Le rouge, encore, cette immense maison de la couleur par excellence nous présente ses histoires… Des expressions colorées telle que Franchir la ligne rouge, Alerte rouge, être rouge de honte, la liste rouge, le rouge est mis, tirer à boulets rouges, être rouge comme une pivoine, dérouler le tapis rouge…
Le théâtre, le cinéma en salles et couleurs de fauteuils
Les fauteuils, comme les tentures des salles de spectacle sont souvent rouges mais ne l’ont pas toujours été!
///Avant la Révolution française les couleurs des salles de spectacle étaient le bleu, le vert, le blanc et l’or. Le vert n’était pas encore une couleur maudite au théâtre. Il n’a été abandonné qu’au XIXe siècle. Auparavant, la teinture verte difficile à obtenir, non seulement ne tenait pas, mais était souvent toxique. Le vert utilisé était le vert-de-gris, qui s’obtenait par l’oxydation de lamelles de cuivre avec du vinaigre, du citron ou de l’urine. Ce pigment instable et corrosif contaminait les couleurs voisines et empoisonnait au sens propre ceux qui portaient des costumes de cette couleur.
Dans les salles, qui étaient souvent des théâtres officiels, on trouvait du bleu, parce qu’on devait voir la couleur du roi.
La couleur azur avait été adoptée comme couleur officielle de la royauté française au XIIe sous les Capétiens. On disait également que le bleu mettait en valeur les toilettes et la peau des femmes qui reposaient leurs bras sur les accoudoirs. La couleur mettait un coup de projecteur sur le public plutôt que la scène à une époque où on allait au théâtre surtout pour être vu.
—-Après la Révolution française, le rouge s’installe progressivement dans les salles de spectacle.
En 1798, on rénove le théâtre de Richelieu (qui allait devenir La comédie française un an après). Pour la première fois, les sièges et la décoration sont dominés par le rouge et l’or. Ce changement est très critiqué à l’époque. Comme la Terreur est encore proche, les spectateurs s’interrogent : « Comment un théâtre peut-il avoir la couleur du sang versé par les Français pendant cette triste période ? » Le théâtre change immédiatement sa décoration et repasse au bleu, blanc et or. »
La suite c’est par ici: Radio France France Inter/Pourquoi les sièges des salles de theatre et de cinéma sont rouges
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Nous avons omis, sciemment, la mode!
Et pourtant, depuis les cosmétiques et les fameux rouge à lèvres et rouge aux joues…Un autre temps sera peut-être impulsé pour parler du sexe des couleurs…
Cet atelier monochromatique pourrait être reconduit pour le noir et le blanc afin de clore l’année culturelle de Vayres à Soi avec toute logique!
Bien à vous.

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